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Marcher vers Compostelle en peignant, cap ou pas cap?

Dernière mise à jour : 2 déc. 2023


Crédit photo : Sarah Bourget


C'est ce qu'a réussi à faire Cécile Van Espen qui a réalisé ses aquarelles tout au long de son périple sur le chemin de Saint-Jacques. Elle est partie marcher seule du 12 septembre au 30 octobre 2017, depuis son domicile situé sur la commune de Lescar, près de la voie d'Arles. Après avoir relié Compostelle au bout de sept semaines, elle a rejoint l'Océan à Cap Fisterra, comme elle se l'était promis, soit au total pas moins de 1 026 km parcourus.


Marcher en toute autonomie sur une si longue distance est déjà un exploit, mais c'est sans compter tout le matériel, environ 3 kg qu'elle transportait en plus dans son sac à dos, avec son stock de papier, ses tubes de peinture, ses pinceaux... Quotidiennement, Cécile Van Espen installait son atelier de plein air pour produire 3 aquarelles, une le matin, une en milieu de journée, une le soir, en devant parfois jongler avec les caprices de la météo. Tel est l'objectif qu'elle s'était fixé. Ce qui correspond tout de même à un peu plus de 3h00 de dessin par jour.

Bien entendu, Cécile savait très bien que le voyage ne serait pas sans difficulté, ni de tout repos. Elle le reconnaît malgré une bonne préparation physique, il n'a pas toujours été facile pour elle d'effectuer ses 4 à 6 heures de marche par jour en plus du temps passé à peindre. Malgré tout, elle a décidé de poursuivre son chemin de Compostelle, autrement, en ne comptant que le moment présent, le temps nécessaire pour apprécier à sa juste valeur les lumières, capter les mouvements des pèlerins, des animaux, la beauté des monuments et des villages traversés.


Pour réussir cette expérience inédite de peinture à l'aquarelle en plein air et en mouvement, il faut pouvoir réunir de nombreuses qualités : un sens de l'observation inné, mais également une bonne perception et compréhension des éléments et langage de la nature qui nous entoure. Comme le disait Van Gogh : « l’aquarelle exige une grande habileté et une grande rapidité dans le travail. On doit travailler dans la matière mi humide pour obtenir de l’harmonie, et on n’a pas beaucoup de temps pour réfléchir. Il ne s’agit donc pas de travailler fragmentairement, non, on doit ébaucher presque d’un coup… »


Même si je ne suis pas un expert en la matière, je pense qu'il faut aussi être doté d'une très grande sensibilité, d'un haut degré de réceptivité et d’émerveillement pour réussir à traduire et à figer si bien la beauté d'un instant, d'un paysage, d'une rencontre ou d'une situation. Cécile semble pourtant le faire sans effort. Elle peint comme elle respire. C'est ce qu'elle m'explique au fil de la discussion : « je cherche à saisir le dialogue intime qui se créée entre les éléments architecturaux et paysagers. De même, en quête de l’épure, à fleur de pinceau, je retranscris les mouvements que je perçois. Ainsi, ils donnent sens à ma perception de la vie. Quand on fait ce l'on la aime, pour moi c'est marcher et dessiner, on se sent tout simplement bien.»


Vous l'aurez compris, Cécile Van Espen a de nombreuses cordes à son arc, la peinture, oui mais pas seulement... Avec un parcours professionnel dans la communication et dans la presse, elle souhaite aujourd'hui combiner à la fois son goût pour l'écriture et ses talents d'aquarelliste. Au travers de ses nombreux carnets de voyage que vous retrouverez dans ses différents sites internet, Cécile prend plaisir à nous raconter tous les moments de joie et de satisfaction intenses qu'elle a vécus sur le chemin de Compostelle.


Au bout de son chemin, Cécile est revenue avec 6 carnets contenant pas moins de 144 aquarelles (au petit format A5, 300 g/m²). Afin de répondre à la demande de nombreux internautes qui la suivent, elle nous livre aujourd'hui l'intégralité de son œuvre accompagnée de quelques textes dans un ouvrage mis en page par ses soins. Cécile a encore de la peine à trouver un éditeur et un financement pour développer son projet d'édition. C'est pour cela qu'elle a souhaité dans un premier temps présenter son travail dans ses blogs pour se faire connaître. Grâce à la peinture, elle espère transmettre ses émotions, son histoire étape par étape jusqu'à son arrivée à Compostelle. Mais est-ce vraiment la fin du voyage?


J'en doute car lorsque Cécile concluait notre entretien, elle me confia que : « cette aventure ne s’est pas arrêtée à mon retour en Béarn, elle continue de vivre en moi. J'anime depuis mon retour de nombreux ateliers sur la commune de Lescar ou à Pau en fonction des saisons de l'année. J'organise également sur demande des expositions de mes aquarelles à travers toute la France. Cette expérience artistique sur les chemins de Saint Jacques a été pour moi le catalyseur de nombreux autres projets artistiques et m'ont permis d’entretenir et de nouer de nouvelles amitiés. Aujourd'hui, je continue à aller dans le sens des valeurs qui me sont chères et qui sont très répandues sur le Chemin : celles du respect de l’Humain, de l’Environnement et du savoir-être. C'est bien dans cet état d'esprit que j’ai souhaité créer une association « Art et Environnement », dont le principal objectif est la sensibilisation à la préservation et à la conservation de la nature et du patrimoine par le biais de l’Art. »


Plus d'informations :


La formidable aventure de Cécile Van Espen me fait penser à la citation de Nicolas de Staël peintre français : "la peinture, la vraie, tend toujours à tous les aspects, c'est à dire à l'impossible addition de l'instant présent, du passé et de l'avenir".


Buen camino !!!


Lionel de Compostelle




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