On vous demandera sans doute un jour, pourquoi vous souhaitez aller marcher sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle.
Les motivations sont très diverses et variées d'une personne à une autre : envie de liberté, d'aventure, de découverte, de reprendre le contrôle sur sa vie etc… mais il est souvent difficile de dire à l'instant précis où l'on vous pose cette question basique, pourquoi vous vous êtes finalement décidé à prendre vos bâtons de pèlerin.
Parcourir à pied les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, n'est pas selon moi qu'une simple randonnée, c'est un véritable voyage initiatique, une aventure intérieure qui nous transforme peu à peu, pour découvrir une meilleure version de nous même.
Plus qu'une randonnée, c'est un cheminement vers soi qui va bien au-delà de la destination que l'on s'était fixée initialement. Emprunter les chemins de Saint-Jacques est un long apprentissage, c'est une formation continue, comme j'ai l'habitude de le dire, qui pour certains dure toute une vie.
Le chemin vers Compostelle ne se résume donc pas au simple fait de marcher d'un point A vers un point B. Il débute bien avant le départ et se prolonge bien après l'arrivée. Au bout d'un certain temps, le chemin reste ancré en vous : on ne le suit pas, c'est lui qui nous suit, on ne le fait pas c'est lui qui nous fait pas après pas.
C'est aussi le point de vue de l'explorateur français Théodore Monod qui disait que « le voyage est un lent professeur !! ». C'est si bien dit, mais bien plus qu'un enseignement, le chemin de Saint-Jacques est une véritable thérapie, que l'on peut décrire ici comme un ensemble de processus de transformation personnelle et d'idées clés qui s'articulent les unes aux autres pour un mieux être. C'est une méthode curative ou préventive qui reste un moyen comme un autre de développer son humanité et sa confiance en soi.
Alors en quoi, précisément le chemin de Compostelle peut-il nous aider individuellement à aller encore plus haut et plus loin ?
De nombreux spécialistes s'accordent à dire que les voyages ont des vertus thérapeutiques, notamment pour l’esprit. Ils permettent de fuir les tracas du quotidien, de faire une pause dans sa vie et de se ressourcer. Ces escapades nous permettent de nous sentir bien vivant au moment présent, ici et maintenant.
La randonnée itinérante au long cours semble, elle aussi, remplir les différents niveaux de la pyramide des besoins fondamentaux de l'être humain, décrite dans les années 1940 par le psychologue américain Abraham Maslow.
Dans sa théorie sur la motivation, il distingue 5 grands types de besoins à assouvir :
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un besoin d'accomplissement personnel,
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d'estime de soi et des autres,
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d'appartenance à un groupe et une recherche de l'approbation de l'autre,
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d'être en sécurité dans un environnement stable sans éprouver de stress,
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ou encore un besoin physiologique (manger, boire, dormir...).
La plupart des personnes qui s'engagent sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle devraient, je pense, toutes pouvoir satisfaire ces 5 besoins fondamentaux.
La Santiago-Thérapie, appelée aussi Camino-Thérapie, présente en effet de nombreux bienfaits pour la santé physique et morale.
Il est donc important selon moi de cheminer en étant peu ou pas connecté. Cela permet de nous libérer de la pression technologique qui nous rattache à tout moment à tout le monde et nous pompe toute notre énergie et notre temps. Se déconnecter, c’est aussi se réconcilier avec notre essentiel.
1- il s'agit d'abord d'une libération
Grâce aux longues marches, l’individu peut se détendre à la fois physiquement et mentalement et ainsi se libérer des soucis de la vie courante, l'instant d'une semaine, d'un mois ou deux pour les plus chanceux. C'est vrai, le chemin de Compostelle a un caractère libératoire.
La notion de liberté est aussi à rattacher à une quête identitaire, parce qu'accéder à une certaine liberté, c'est d'abord apprendre à se connaître soi-même, comme le disait si bien le philosophe grec Socrate.
Parfois, sans s'en rendre compte, on est comme emprisonné dans nos habitudes (ou nos « habitus » pour reprendre une notion bien connue du sociologue français Pierre Bourdieu). On est tous plus ou moins conditionnés par notre éducation ou nos représentations sociales : on fait machinalement « comme on nous a dit de faire », sans s'en rendre compte, on reproduit ce que fait son voisin et finalement, on est plus vraiment libre de nos propres pensées, de faire ce que l’on veut par rapport à qui l’on est vraiment, au plus profond de notre être.
Le chemin de Saint-Jacques en repoussant chaque jour les limites du possible, permet de révéler face au défi physique ce dont on est réellement capable, de voir jusqu'où on peut aller, seul face à nous même et ainsi découvrir quelles sont nos limites mentales.
C'est une formidable occasion pour apprendre et grandir à soi-même. Pour y parvenir, il faudra donc non seulement accepter en chemin de se perdre pour mieux se retrouver, mais aussi apprendre à se débrouiller en toute autonomie. Quand on est avec des amis, on pourrait avoir tendance à se reposer mutuellement les uns sur les autres. Par conséquent, on ne ferait peut-être pas les choses qu’on aurait sans doute pu faire tout seul. Lorsqu’on est livré à nous-mêmes au milieu de nulle part, il y a de forte chance que l'on se dépasse. On est bien obligé de réagir, quand on est confronté à une situation imprévue, sans l’aide ni le jugement d’autrui.
Dans la solitude, il y a moins de pression et de responsabilité envers d'autres personnes. C'est aussi en étant seul qu'on fait souvent le plus de rencontres en chemin, que l'on ne ferait peut-être pas forcément si on était accompagné. L’avantage de partir seul sur le chemin de Saint-Jacques réside donc surtout dans le fait que l'on ne doit rien attendre des autres et qu’il faut se prendre en main. C'est dans la mise à l'épreuve, que l'on parviendra à apprendre où se situent nos limites, à mieux maîtriser nos réactions et émotions.
De mon point de vue, l’autonomie est donc l'une des conditions pour réussir sa Santiago-Thérapie, sinon on ne pourra pas vraiment aller de l'avant et se dépasser. Cette nouvelle autonomie peut prendre du temps à arriver, mais à force de pratique, d'effort et de persévérance, il sera finalement facile de l’obtenir.
2- Il s'agit ensuite d'un lâcher prise
Cheminer sur le chemin de Saint-Jacques est une bonne occasion pour se remettre en question et évoluer. Dans cette aventure, les occasions ne manquent pas pour dépasser ses limites, encore faut-il pour cela bien les connaître. Il s'agira de sortir chaque jour de sa zone de confort, de faire des choses que l'on n'a jamais fait, de rencontrer des personnes que l'on n'aurait sans doute jamais rencontrées.
À l’arrivée de chaque étape, la satisfaction est grande et permet de se revaloriser, de renforcer sa confiance en soi et de mieux se laisser porter par la suite par la providence et la magie du chemin.
Marcher vers Saint-Jacques de Compostelle implique donc pour chacun le dépassement de soi, autrement dit de tenter ce que l'on croyait jusqu'alors impossible : pour les uns, cela correspond quotidiennement à une marche de 12 à 25 km, pour les autres 30 à 40 km. Peu importe la distance, ce qui compte c'est l'intensité maximum d'effort propre à chacun. Pour atteindre cette limite critique, il ne faut donc pas avoir peur de l'échec et sans doute est-il préférable de ne pas réserver comme moi d'hébergement à l'avance et de ne se fixer aucun objectif, en se laissant guider simplement par les signes du destin.
Il important de s'en remettre à notre intuition au jour le jour et surtout de rester à l'écoute des messages que nous envoient notre corps et notre cœur. C'est le plus sûr moyen d'avancer, lentement mais sûrement.
La plupart des pèlerins qui sont arrivés à Saint-Jacques de Compostelle vous le diront. Ils ont compris que finalement « le chemin était la destination » et qu'il faut surtout prendre le temps de le parcourir, quitte à faire quelques détours et pauses avant que cette belle échappée ne se termine.
Avant tout, il vous faudra savoir profiter du rythme lent offert par la randonnée de longue distance. Il urgent de prendre notre temps et de profiter des paysages environnants, mais aussi de nous intéresser à nous -mêmes par la pratique de l’introspection. C'est une chance qui s'offre à nous loin de la vie trépidante et du mouvement perpétuel des villes, de réellement profiter de la vie à notre propre rythme et surtout sans nous culpabiliser. Randonner plusieurs jours en pleine nature sont des moments précieux de pleine conscience qui seront à jamais graver dans notre mémoire et notre conscience que personne ne pourra jamais nous reprendre. Notre liberté est notre plus grande richesse.
3- Il s'agit enfin de se reconnecter à la nature et aux autres
Le développement des nouvelles technologies et des réseaux sociaux a fortement contribué à renforcer l'isolement de nombreux individus. Notre société moderne induit de nouveaux modes de fonctionnement et comportements menant parfois à un important appauvrissement des liens sociaux.
Certaines personnes vont chercher à combler cette solitude (réelle ou ressentie) et ce manque de contact humain au quotidien par le voyage, d'autres en partant marcher sur le chemin de Saint-Jacques.
Au delà de la simple question de la socialisation, il s'agit surtout de rencontrer l’autre, celui qui est différent de nous. C'est parfois en étant confronté aux différentes expériences de vie d'autrui, que l’on peut avoir une vision différente de sa propre situation et prendre le recul nécessaire pour la réévaluer plus favorablement.
On trouve ainsi dans les longues marches un traitement efficace contre l'égocentrisme et la morosité, car il est prouvé qu'une personne malade se focalise bien plus souvent sur sa maladie que sur le reste du monde.
L’homme peut aussi guérir efficacement de certaines de ses blessures par la reconnexion à la nature, en développant tous ses sens et en reconnaissant quelques bonheurs simples mais essentiel de la vie : sentir la terre humide à la rosée du matin, observer une simple toile d’araignée, un coucher de soleil ou une nuit étoilée, écouter le chant des oiseaux ou le bruit des feuilles agitées par le souffle du vent ...
La marche sur le chemin de Saint-Jacques peut être ainsi facilement comparée aux pratiques de contemplation ou de méditation. La marche solitaire hors des sentiers battus permet de profiter pleinement du silence, seulement troublé par la musique de nos pas et la nature ambiante.
Il est donc important selon moi de cheminer en étant peu ou pas connecté. Cela permet de nous libérer de la pression technologique qui nous rattache à tout moment à tout le monde et nous pompe toute notre énergie et notre temps. Se déconnecter, c’est aussi se réconcilier avec notre essentiel.
En conclusion : Camino un jour, Camino, pour toujours ...
Le chemin de Saint-Jacques est un éternel recommencement. C'est devenu pour de nombreuses personnes un rite thérapeutique, un rendez-vous annuel à ne rater pour rien au monde.
Pour certains, ce chemin se répète à l’infini. Plus qu'un remède, cela devient pour certains une véritable addiction, pour ceux que l'on pourrait qualifier de « camino-dépendants ».
En effet, il n'est pas rare de voir des pèlerins parcourir plusieurs fois les mêmes itinéraires d'une année sur l'autre pour y retrouver cet état de plénitude et de retour à la nature, cette ambiance fraternelle et de partage que l'on ne retrouve nulle par ailleurs.
Un seul départ ne suffira sans doute pas à votre dépouillement personnel. Il est bon de repartir souvent pour toujours ressentir les effets bénéfiques de ce cheminement. Comme dans toute bonne thérapie, il faut qu'il y ait un suivi continu et prolongé dans le temps.
Si je devais résumer les raisons qui nous amènent à retourner sur le chemin de Compostelle, je dirais simplement qu'on ne marche pas sur le chemin de Saint-Jacques pour échapper à la vie, mais pour que la vie ne nous échappe pas.
C'est vrai, le plus beau des chemins est de se prouver à quel point on est libre, mais il est utile de rappeler qu'il n'y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. Nous devons être prêts à abandonner en chemin, la vie que l'on a imaginée pour vous, afin de vivre la vie qui nous attend ici et maintenant.
Dans cette quête infinie de l'autre rive, la Santiago-Thérapie est une porte parmi tant d'autres.
Je vous partage dans mon site internet https://www.compostelle-autrement.com/ mes différentes réflexions au fil de mes pérégrinations.
En cliquant sur les liens suivants, vous découvrirez quelles sont les idées clés de la Santiago-Thérapie : avancer, croire, se retrouver, rencontrer l'inconnu, trouver sa voie, vivre, être heureux, rêver, marcher, se contenter, cheminer, apprendre, se dépasser, s'aventurer, affronter, explorer, tracer, se libérer, chercher, persévérer, progresser, se dépouiller, ralentir, se réjouir, espérer etc...
La Santiago-Thérapie ça marche !!!
Le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, est le seul voyage dont la dépense vous rendra plus riche.
Buen camino :-)
Lionel de Compostelle
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